Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Vous m’avez bien trompé, monsieur le référendaire Pulcher,… vous ne savez rien du tout. Et puis, ne prenez pas cela en mauvaise part, mais la manière dont vous vous êtes sans doute enhardi pour l’examen viole toute convenance et toute dignité ! vous étiez incapable de vous tenir sur votre chaise, vous tombiez à chaque instant, et le sieur Cinabre a été obligé de vous relever plusieurs fois. Un diplomate doit se maintenir à jeun et réfléchi. Adieu, monsieur le référendaire ! »

» Je croyais encore néanmoins que tout cela n’était qu’une illusion bizarre de mes sens, je m’enhardis et j’allai chez le ministre. Mais il me fit demander comment je pouvais avoir l’audace de venir l’importuner de ma présence, après la manière dont je m’étais comporté à l’examen, et dont il était parfaitement bien instruit. La place que j’ambitionnais était déjà donnée, du reste, au sieur Cinabre. C’est ainsi qu’une puissance infernale a anéanti toutes mes espérances, et je suis décidé à faire moi-même le sacrifice d’une vie devenue le jouet d’une sombre fatalité ! — Laisse-moi !

» Jamais, s’écria Balthasar, et d’abord écoute-moi ! »

Il raconta alors à Pulcher tout ce qu’il savait de Cinabre, depuis sa première apparition hors de la porte de Kerepes, ce qui lui était arrivé avec le nain chez Mosch Terpin, et ce qu’il venait d’apprendre à l’instant même de Vincenzo Sbiocca. « Il n’est que trop certain, ajouta-t-il ensuite, que cette pernicieuse influence du misérable avorton provient de