Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/163

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et gambadait de la manière la plus plaisante sur la table de marbre en faisant claquer ses petits doigts, et exécutant maint entrechat et mainte belle pirouette avec ses petites jambes torses ; et il chantait en même temps : Kouirrr ! kouapp ! pirrr ! papp ! jusqu’à ce que Prosper Alpanus, le saisissant par la tête, l’eût replacé dans le volume où il s’aplanissait soudain et se fixait au feuillet sous l’aspect d’une gravure coloriée.

Toutes les images du livre furent passées en revue de la même manière. Mais quoique Balthasar fût souvent sur le point de s’écrier : « C’est celui-ci ! — voilà Cinabre ! » en regardant avec plus d’attention, il était obligé de s’avouer à son grand regret que le petit monstre qu’il avait devant les yeux n’était nullement Cinabre.

« Ceci est pourtant assez étonnant, dit Prosper Alpanus quand le volume fut épuisé. Cependant, reprit-il, Cinabre est peut-être bien un gnome. Voyons ! »

Il grimpa de nouveau avec une agilité surprenante sur l’échelle de cèdre ; il prit un autre in-folio, l’épousseta proprement, le posa sur la table de marbre, et l’ouvrit en disant : « Cet ouvrage-ci traite des gnomes : peut-être attraperons-nous parmi eux notre Cinabre. »

Les deux amis virent encore une foule d’images enluminées avec soin, qui figuraient de petits êtres informes d’un brun jaunâtre et de l’aspect le plus hideux. Et quand Prosper Alpanus les touchait, ils éclataient en glapissements plaintifs, et puis ram-