Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/174

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il montera encore plus haut, toujours plus haut, et il est mon gendre ! » —

Mosch Terpin avait raison : Candida montrait le penchant le plus décidé pour le nain ; et quand, par hasard, quelqu’un que n’avait pas encore rendu fou le bizarre ensorcellement du sieur Cinabre, donnait à entendre que le conseiller spécial intime était pourtant un être difforme et odieux, elle parlait aussitôt avec complaisance de la chevelure merveilleusement belle dont la nature l’avait doué.

Mais personne, en entendant parler ainsi Candida, ne souriait d’un air plus malicieux que le référendaire Pulcher.

Celui-ci épiait Cinabre pas à pas, et il avait trouvé pour cela un compagnon zélé dans le jeune secrétaire privé Adrian, le même qui avait failli être chassé du bureau du ministre par l’effet des sorcelleries de Cinabre, et qui n’avait regagné les bonnes grâces du prince qu’au moyen d’un excellent pain de savon pour les taches, qu’il lui avait apporté.

Le conseiller spécial intime Cinabre habitait une maison fort jolie, qu’embellissait un jardin plus joli encore. Au milieu, se trouvait un parterre entouré d’une haie touffue, où croissaient en abondance les roses les plus magnifiques. On avait remarqué que tous les neuf jours Cinabre ne manquait pas de se lever furtivement de grand matin, et, après s’être habillé sans l’aide de personne, quelque pénible que cette tâche dût être pour lui, de descendre au jardin, où il disparaissait dans les buissons qui servaient d’enceinte au parterre de roses.