Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/187

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tomber à terre, mais il recommença aussitôt à courir, transformé en une petite souris, tout autour de la chambre. Alors le cerf-volant devint un chat gris, et la poursuivit encore en miaulant et en grognant. La petite souris se changea tout-à-coup en un brillant colibri, et prit de nouveau son vol. Mais au même moment, toutes sortes de voix étranges retentirent autour de la maison, toutes sortes d’oiseaux bizarres et d’insectes inconnus envahirent la chambre en criant et en bourdonnant, et un filet d’or se tendit à l’extérieur devant les fenêtres. Soudain alors la fée Rosabelverde parut au milieu de la chambre dans tout l’éclat de sa puissance et de sa splendeur, avec un vêtement éblouissant de blancheur, une ceinture étincelante de diamants, et des roses rouges et blanches entrelacées dans sa noire chevelure. Mais devant elle surgit immédiatement le magicien Alpanus vêtu d’une longue robe brodée en or, couronné d’un brillant diadème, et tenant à la main sa canne au pommeau de cristal étincelant.

Rosabelverde avance sur le magicien ; mais son peigne d’or tombe de ses cheveux et se brise, hélas ! comme du verre sur le carreau de marbre.

» Malheur à moi ! — malheur à moi ! » s’écria la fée.

Ces mots à peine prononcés, la chanoinesse se retrouva assise devant la table avec sa longue robe noire, et en face d’elle était placé le docteur Prosper Alpanus.

« Je crois, dit tranquillement le docteur, tandis qu’il versait sans obstacle dans les tasses du Japon