Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/190

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fontaines et les calices des fleurs ? J’ai sauvé ce parc de la proscription, grâce à mon habileté. Il est encore ce qu’il était du temps du vieux Démétrius. — Prince Barsanuph, le ciel en soit loué ! ne s’inquiète guère des affaires de féerie. C’est un brave monarque qui laisse chacun faire à sa guise et s’adonner à la magie autant qu’on veut, pourvu que cela n’amène pas d’éclat, et qu’on paie exactement les impôts. C’est ainsi que je vis ici heureux et sans soucis, comme vous, ma chère demoiselle, dans votre chapitre noble.

» Docteur ! que dites-vous ? s’écria la chanoinesse en répandant des larmes d’attendrissement, quelles révélations ! — Oui, je reconnais ce bois où j’ai passé tant d’heures délicieuses ! — Docteur ! le plus noble des hommes ! vous à qui je dois tant !… Et vous pouvez persécuter aussi opiniâtrement mon petit protégé ?

» Ma chère demoiselle, répliqua le docteur, entrainée par votre bonté innée, vous avez prodigué vos dons à un indigne. Cinabre, malgré votre protection généreuse, est et sera toujours un petit vaurien rabougri, qui d’ailleurs, à présent que le peigne d’or est brisé, se trouve sans rémission soumis à ma puissance.

» Ayez-en pitié, ô docteur ! dit la chanoinesse d’une voix suppliante.

» Mais ayez vous-même la complaisance de jeter un coup d’œil là-dessus, » dit Alpanus. Et il présenta à la chanoinesse l’horoscope de Balthasar tiré par lui.