Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/210

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l’on signalait de côté et d’autre l’existence des clubistes courtes-manches, tout aussi à craindre que les jésuites et même bien davantage, attendu qu’ils travaillaient à propager partout la poésie si pernicieuse à tout état policé, et qu’ils révoquaient en doute l’infaillibilité du souverain. Bref ! la chose devint de plus en plus sérieuse, jusqu’à ce que le Recteur me fit citer à comparaître devant lui. Prévoyant une catastrophe inévitable si j’endossais un habit quelconque, je parus vêtu seulement de mon gilet. Notre homme entra là-dessus en grande colère, il crut que je voulais me moquer de lui, et il me jeta pour semonce à la tête : Que j’eusse à me montrer devant lui dans huit jours avec un habit convenable et décent, ou qu’autrement il prononcerait sans rémission l’arrêt de mon expulsion de l’Université ! — C’est aujourd’hui que le délai de huit jours expire ! — Oh ! infortuné que je suis ! — Ô maudit Prosper Alpanus !

» Arrête ! mon cher Fabian, s’écria Balthasar, ne t’emporte pas contre mon bon oncle bien-aimé, qui m’a fait don d’une jolie maison de campagne. Je t’assure qu’il n’a pas non plus contre toi de méchantes intentions, quoiqu’il t’ait puni, je dois l’avouer, bien rigoureusement de tes procédés indiscrets à son égard. Mais j’apporte le remède à ton infortune. Tiens ! il t’envoie cette petite tabatière, qui doit te délivrer de tous tes tourments. »

À ces mots, Balthasar tira de sa poche la petite boite d’écaille qu’il avait reçue de Prosper Alpanus et la présenta à l’inconsolable Fabian.