Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/231

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toute étiquette de côté. Il saisit donc Cinabre par ses petites jambes, et le retira… hélas ! mort. Morte était la petite Excellence !

Le valet de chambre éclata en bruyants sanglots ; le chasseur, tous les domestiques accoururent, on vola chercher le médecin en titre du prince. En attendant, le valet de chambre essuya son pauvre malheureux maître avec force serviettes blanches, il le mit sur le lit et le couvrit de coussins de plume et de soie, de sorte que sa petite figure ridée était seule visible.

Alors parut la demoiselle de Rosebelle. Elle avait d’abord, Dieu sait comment ! apaisé la fureur du peuple. Elle s’approcha du nain inanimé, suivie de la vieille Lise, la propre mère de petit Zach. — La mort avait réellement imprimé aux traits de Cinabre un charme qu’ils n’avaient jamais eu durant toute sa vie. Ses paupières étaient abaissées sur ses yeux, son petit nez était aminci et très-blanc, sa bouche faiblement contractée simulait l’expression du sourire, et, par-dessus tout, ses cheveux, d’un brun foucé, retombaient autour de sa tête en boucles soyeuses et magnifiques. La chanoinesse passa sa main sur la tête du nain, et aussitôt une ligne rouge brilla d’une faible lueur sous ses doigts.

« Ha ! s’écria la demoiselle les yeux rayonnants de plaisir, ha, Prosper Alpanus ! grand maître ! tu tiens parole. — Il a expié à présent tous les torts de sa destinée !…

— » Ah ! dit la vieille Lise, ah, mon bon Seigneur ! ce n’est certainement pas là mon petit Zach : il n’a