Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/315

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gauche, de lui exposer toute l’affaire, en le priant de faire entendre à la cousine, sous forme de judicieux conseils d’oncle, que la déclaration d’amour de monsieur le baron n’avait point d’autre importance que n’en ont d’ordinaire ces sortes de galanteries, et qu’il n’y fallait voir qu’une agréable plaisanterie, ajoutée comme un gracieux complément à la figure de la contredanse. Il ne devait pas y avoir besoin d’autre remède au mal. Cochenille enfin conseilla au baron de voir Victorine le plus tôt possible, et il lui en indiqua une occasion favorable pour le jour même. La présidente consistoriale Veehs devait, dit-il, donner le soir un thé esthétique du plus suave parfum et qu’elle faisait venir directement de la frontière de Chine par l’ambassade russe, comme le lui avait appris le valet de chambre de l’ambassadeur lui-même. Victorine devait y assister, et là tout pourrait s’arranger au mieux.

Ludwig reconnut qu’une méfiance indigne de lui pouvait seule avoir jeté quelques nuages sur son amour fortuné ; et il résolut de faire preuve au thé esthétique de la présidente consistoriale d’une amabilité si enchanteresse, qu’il ne viendrait pas à l’esprit de Victorine de le bouder un seul moment.