Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/333

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qui lui prodiguait les soins les plus infatigables. Il répondit à Edgar que plus tard don Rafael Marchez lui apprendrait sans doute ce qu’il désirait savoir. La prévision ne tarda pas à se réaliser. Quand Edgar fut en effet rétabli de manière à pouvoir se lever, don Rafael vint le trouver une nuit, une torche allumée à la main, et il l’invita à s’habiller et à le suivre avec le père Eusebio ; ainsi s’appelait le franciscain qui lui avait servi de médecin et de garde-malade.

Don Rafael se dirigea par un couloir étroit aboutissant à une porte qui s’ouvrit à un coup frappé par don Rafael.

Quel fut l’étonnement d’Edgar, en entrant dans une salle voûtée spacieuse et bien éclairée, d’y voir une nombreuse réunion d’hommes pour la plupart d’un aspect farouche, inculte et sauvage. Au milieu d’eux était un homme vêtu d’un costume de paysan des plus communs, les cheveux en désordre, et offrant dans toute sa personne, avec les indices d’une vie inquiète, vagabonde, un singulier caractère de fierté et d’audace qui commandait le respect. Dans la noble expression de ses traits, dans son regard de feu surtout éclatait ce courage guerrier qui décèle les héros. Ce fut à ce personnage que don Rafael présenta son ami comme le jeune et vaillant Allemand qu’il avait sauvé des mains de l’ennemi, et qui ne demandait qu’à combattre avec eux pour la grande cause de la liberté espagnole. Ensuite, se tournant vers Edgar, il lui dit : « Vous voyez ici, au cœur même de Valence, sous les pieds de nos ennemis, le foyer mysté-