Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/348

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le triste moment de se séparer d’Edgar fut arrivé, le vieillard lui fit présent d’un certain talisman qui le sauva en effet dans la suite de maint danger pressant.


Ce fut ainsi qu’Euchar termina son récit, qni semblait avoir vivement excité l’intérêt de toute la compagnie. — Le jeune poète, qui s’était remis de sa toux suffocante, et qui était rentré au salon, dit que les aventures d’Edgar en Espagne offraient plus d’un excellent canevas de tragédie ; seulement il y réclamait un supplément convenable d’intrigue amoureuse, ainsi qu’un bon dénouement, un bon assassinat, un coup d’apoplexie, quelque peu de folie, ou autre chose de ce genre. — « Ah oui, de l’amour ! dit une jeune demoiselle en rougissant jusqu’au blanc des yeux, il manque à votre histoire, d’ailleurs fort gentille, quelque jolie aventure d’amour, cher monsieur le baron !

— Mais, ma gracieuse demoiselle, répliqua Euchar en souriant, vous pensez donc que j’ai voulu vous régaler d’un roman ? ne sont-ce pas les propres aventures de mon ami Edgar dont je vous ai fait le récit ? et est-ce ma faute si la rude vie qu’il a menée dans les montagnes sauvages de l’Espagne a été malheureusement tout à fait dépourvue d’aventures de ce genre ? — Je crois, murmura Victorine à demi-voix, je crois connaître cet Edgar, qui est resté malheureux parce qu’il a dédaigné le bien le plus précieux ! » —

Mais personne n’avait fait autant de frais d’en-