Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

compter sur un succès flatteur. » Tout le monde applaudit avec vivacité, et le cercle se resserra étroitement. Euchar prit place au milieu, et commença sans autre préambule :

« Je n’entrerai dans aucun détail sur les expéditions guerrières, et à peine croyables, auxquelles Edgar prit part tant qu’il resta le compagnon d’armes des guérillas. Je dois dire seulement que le talisman qu’il avait reçu de don Rafael Marchez, au moment de leur séparation, consistait dans une petite bague avec des chiffres mystérieux, qui, devant le faire passer pour un initié intime des sociétés secrètes les plus mystérieuses, lui assurait partout la confiance absolue des confédérés, et le mettait tout à fait à l’abri d’un danger semblable à celui qu’il avait couru à Valence. Plus tard, il entra dans le corps d’armée anglais commandé par Wellington. Aucune balle ennemie ne vint plus compromettre ses jours, et après la cessation des hostilités, il retourna sain et sauf dans sa patrie. Quant à don Rafael Marchez, il ne l’avait point revu, et n’avait rien appris ultérieurement de ses destinées.

» Edgar était depuis longtemps dans sa ville natale, lorsqu’un jour la petite bague qu’il portait constamment au doigt lui fut dérobée d’une singulière manière. Le lendemain, de très bonne heure, un petit homme étrange entra dans sa chambre, lui présenta sa bague perdue, et lui demanda si elle ne lui appartenait pas. Sur la réponse affirmative que lui fit Edgar d’un air amical, cet homme s’écria avec transport en espagnol : “Ô don Edgar ! c’est vous, — oui, c’est vous,