Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/394

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des culottes semblables et une veste de drap d’argent semée de fleurs bleues. Il écarta les branches du cerisier, et, avec assez de prestesse pour son âge, descendit par une échelle appuyée contre l’arbre en chantant ou plutôt en sifflant d’une voix glapissante : Ah ! che vedo, o Dio che sento ! Et il courut se jeter dans les bras de l’ambassadeur turc.

Le conseiller de commerce avait passé sa jeunesse en Italie, il était amateur passionné de musique, et il avait encore la prétention, grâce à un fausset aigu usé depuis long-temps, de chanter à l’égal de Farinelli.

« J’ai vu, dit Willibald à Ernest, monsieur Harscher se bourrer les poches de cerises dont il compte faire hommage aux dames, avec l’accompagnement de quelque nouveau madrigal sentimentalement récité. Mais comme il porte, à l’instar du grand Frédéric, à même sa poche son tabac d’Espagne sans tabatière, il ne recueillera de sa galanterie que des regards courroucés et des refus dédaigneux. »

Partout, l’ambassadeur turc, ainsi que le héros de la guerre de sept ans, avait été accueilli avec des transports de satisfaction. Juliette Foerd s’approcha du dernier, et après s’être inclinée devant lui avec une humilité filiale, elle voulut lui baiser la main : mais l’ambassadeur s’élança vivement entre eux en s’écriant : « Folies ! extravagances ! » Puis il embrassa la jeune fille avec effusion, et, à cette occasion, marcha très-rudement par mégarde sur les pieds du conseiller Harscher, qui ne fit cependant entendre qu’un léger miaulement de douleur. Cependant Exter