Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/414

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café en fumant dans une pipe démesurément longue, dont le fourneau, posé sur des roulettes, glissait en tous sens sur le parquet. Mais tout-à-coup la porte s’ouvrit, et Rixendorf s’élança dans la chambre. Il tenait par la main un jeune homme vêtu de l’ancien costume militaire. C’était Max, dont l’aspect fit frissonner le conseiller aulique.

« Tu vois ici ton double, mon ami, l’objet de ton illusion chimérique, s’écria Rixendorf. C’est moi qui ai retenu ici mon excellent Max, et qui lui ai fait donner par ton valet de chambre un habit de ta garderobe, pour qu’il pût figurer convenablement avec nous. C’était lui qui était agenouillé près du cœur dans le pavillon. Oui, devant ton cœur de pierre, oncle dur et insensible ! tu as vu prosterné ton neveu, lui que tu as impitoyablement repoussé loin de toi sous l’influence d’une vision chimérique ! Si le frère a manqué griévement au frère, il a expié depuis long-temps ses torts en mourant accablé de la plus profonde misère. — Voilà l’orphelin sans soutien, voilà ton neveu, appelé Max comme toi, ton fidèle portrait au physique comme au moral ; on le prendrait pour ton propre fils. L’enfant et le jeune homme ont courageusement lutté contre les vagues mugissantes du torrent de la vie. — Allons ! — Fais-lui bon accueil, que ce cœur inflexible s’attendrisse ! tends-lui une main bienfaisante, pour qu’il ait au moins un appui, si le malheur déchaînait sur lui de trop violentes tempêtes. » —

Le jeune homme, avec une contenance humble et respectueuse, des larmes brûlantes dans les yeux,