Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/468

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passion effrénée, je me précipite contre la porte, elle cède sous le choc, et je me trouve dans le vestibule à peine éclairé et plein d’une vapeur épaisse et étouffante. Mon cœur battait violemment d’impatience et d’anxiété, quand soudain un cri perçant et prolongé poussé par une voix de femme retentit jusqu’à moi, et je ne sais moi-même comment je me trouvai presque immédiatement dans un salon brillamment éclairé par un grand nombre de bougies, et somptueusement décoré dans le goût antique de meubles dorés et de superbes vases du Japon. Des nuages bleuâtres exhalaient autour de moi une forte odeur aromatique.

« Oh bienvenu ! bienvenu, mon tendre fiancé ! — l’heure approche, la noce se fera bientôt ! » — Ainsi s’écria hautement la même voix de femme que j’avais entendue, et de même que j’étais arrivé dans le salon sans savoir comment, j’ignore comment il se fit que je vis tout-à-coup devant moi une grande et jeune femme richement vêtue, qui s’avançait à ma rencontre les bras ouverts, en répétant sur un ton perçant : « Sois le bienvenu, tendre époux ! » Mais alors je distinguai une figure jaune et ridée, portant les affreux stigmates de la décrépitude et de la folie, qui fixait sur moi des yeux hagards. Je reculai en chancelant, frappé d’une terreur profonde ; mais comme si le regard enflammé d’un horrible serpent à sonnettes m’eût fasciné, je ne pouvais détourner moi-même les yeux de cette vieille hideuse à voir, et je restai cloué au parquet.

Elle s’approcha plus près encore de moi, et je