Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/625

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expliqué. Les efforts élevés de l’intelligence, les hardiesses de l’imagination et du génie, il faisait dépendre tout cela de certaines prédispositions de l’estomac et des entrailles, et il débitait là-dessus mille absurdités ; il prétendait, par exemple, très-sérieusement, que chaque pensée était le résultat de la copulation de deux filaments déliés du cerveau. Je compris à quel point le professeur, avec de pareilles extravagances, devait être à charge au pauvre Berthold, en répudiant, avec une désespérante ironie, toute espèce d’influence immatérielle, et de quels traits acérés il devait envenimer une blessure encore saignante.

Enfin, le soir étant arrivé, le professeur me remit plusieurs feuillets de papier écrits, en me disant : « Voilà, cher enthousiaste, l’œuvre de notre écolier. Ce n’est pas mal écrit, mais, je ne sais pourquoi, par une bizarrerie peu commune, et contre toutes les règles, monsieur l’auteur, sans aucun protocole, entremêle à son récit les propres discours du peintre à la première personne. Au reste, je vous fais cadeau du manuscrit dont ma charge me donne le droit de disposer, parce que je sais que je n’ai point affaire à un auteur. L’éditeur des morceaux fantastiques à la manière de Callot l’aurait bien vite taillé dans son genre frénétique, et fait imprimer en toute hâte ; ce que je n’ai pas à redouter de votre part. »

Le professeur Aloysius Walter ne savait pas qu’il s’adressait précisément au voyageur enthousiaste, quoiqu’il lui eût été facile de s’en apercevoir ; et c’est ainsi, lecteur bien-aimé, que je puis te com-