Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/677

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fut ainsi dissipé, de sorte que je restai seul gisant sur la grande route dans un état de faiblesse extrême.

MOI.

En vérité, Berganza, tu m’as profondément ému ; et ce qui excite surtout ma surprise, c’est que tu aies retenu aussi fidèlement les chansons des sorcières au milieu des angoisses que tu éprouvais.

BERGANZA.

Outre que les harpies répétèrent ces vers cent fois à mon oreille, ce fut précisément l’énergique impression que me causa cette fantasmagorie diabolique qui vint au secours de ma mémoire, d’ailleurs trop fidèle, et dut y graver tout aussi profondément. La véritable mémoire, considérée sous un point de vue philosophique, ne consiste, je pense, que dans une imagination très-vive, facile à émouvoir, et par conséquent susceptible d’évoquer à l’appui de chaque sensation les scènes du passé, en les douant, comme par enchantement, de la vie et du caractère propres à chacune d’elles ; du moins j’ai entendu soutenir cette thèse par l’un de mes anciens maîtres, qui avait une mémoire prodigieuse, quoiqu’il ne pût retenir ni une date ni un nom propre.

MOI.

Ton maître avait raison, et il en est sans doute autrement des paroles et des discours qui ont péné-