Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/680

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MOI.

Berganza, reconnais en moi un véritable sentiment de cosmopolitanisme : et j’emploie ce mot dans une acception plus large que celle en usage ; c’est-à-dire que je n’ai point la manie de circonscrire et de renfermer dans une étroite classification les phénomènes de la nature. Ainsi, en t’entendant parler, et surtout avec autant de bon sens, je ne songe nullement à faire la critique des détails subordonnés à cette merveille. Parle donc, mon cher, comme à un véritable ami, et dis-moi quel effet produisait encore sur toi, après un si long intervalle, cette huile magique des sorcières.

Ici Berganza se leva, se secoua, et courbé sur lui-même, gratta le derrière de son oreille gauche avec sa patte gauche de derrière ; puis il éternua deux ou trois fois fortement, ce qui me donna l’occasion de prendre une prise en lui disant Dieu vous bénisse ! Enfin, il sauta sur le banc, et s’appuyant contre moi, de sorte que son museau touchait presque ma figure, il reprit l’entretien en ces termes :

BERGANZA.

La nuit est fraîche, profite donc un peu de ma chaleur corporelle, qui parfois s’échappe en étincelles pétillantes de mes poils noirs ; d’ailleurs, je veux dire tout bas ce que je vais te confier à présent. — Lorsque le jour maudit est revenu, et que l’heure du sabbat approche, je ressens d’abord des