Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/689

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BERGANZA.

Mets la main sur ta conscience, mon ami ! et dis-moi franchement s’il ne t’est pas souvent arrivé de te laisser ennuyer et tourmenter sans nécessité, par de puérils motifs. Tu te trouvais dans une société stupide, tu pouvais prendre ton chapeau et t’en aller : tu ne le faisais point. Telle ou telle considération que tu n’avouerais pas sans en rougir te retenait, la crainte d’offenser celui-ci, celui-là, dont les bonnes grâces cependant ne valent point un zeste pour toi. Peut-être une personne…, une silencieuse jeune fille seulement occupée à boire du thé et à manger des gâteaux auprès du poêle était devenue intéressante à tes yeux ; et tu ne voulais pas partir sans t’attirer encore une fois adroitement ses regards en t’écriant tout bas : « Céleste créature ! Que signifient tous ces mots ampoulés, ce chant prétentieux, ces fades déclamations ? Un seul regard de cet œil angélique a cent fois plus de prix et de valeur que tout Goethe, dernière édition. »

MOI.

Berganza ! — tu deviens piquant !

BERGANZA.

Eh bien, mon ami ! si cela arrive à vous autres hommes, pourquoi un pauvre chien n’avouerait-il pas franchement que souvent il s’est réjoui dans son amour-propre dépravé de ce que, malgré sa stature un peu forte pour être admis dans des cercles distin-