Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/713

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LE PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE. — Ha ?… ha ?… c’est donc là réellement votre avis ? Eh bien moi, je prétends et soutiens le contraire !

LE CARACTÈRE INDÉCIS. — Au fait, oui, quant à l’enthousiasme, comme l’entend notre ami le virtuose ici présent, il se pourrait bien que…

LE PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE. — Je vous dis que le chien noir que voici la, sous le poêle, et qui nous regarde d’un air si intelligent, comme s’il prêtait la plus vive attention à nos paroles, aime et comprend l’art mieux que cette femme, à qui le ciel veuille pardonner de ce qu’elle s’attribue ainsi sans vergogne la chose du monde à laquelle elle a le moins de droits. Son cœur froid comme la glace ne s’échauffe jamais, et quand l’âme d’autres individus, devant le spectacle imposant de la nature et l’immensité de la création, déborde d’un saint ravissement, elle s’informe combien il y a de degrés de chaleur d’après Réaumur, ou s’il menace de pleuvoir. Et l’art, ce médiateur entre nous et l’être tout-puissant, et qui seul nous le fait clairement pressentir, l’art non plus n’allumera jamais en elle une pensée élevée. Oui ! avec tous ses exercices académiques, avec ses mines et ses phrases, elle ne respire que