Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/714

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le trivial ; — elle est prosaïque, — prosaïque ! — honteusement prosaïque !!

Ces derniers mots, le professeur les avait criés si haut, en gesticulant avec véhémence, que toute la société réunie dans le salon voisin fut aussitôt en émoi pour se défendre, d’un commun effort, contre le prosaïsme qui paraissait s’être glissé perfidement et silencieusement dans le cercle, comme un insidieux ennemi dont le cri de guerre du professeur venait de trahir la présence. Le musicien était resté tout étourdi, mais le caractère indécis le prit à part, et lui dit à demi-voix à l’oreille en souriant d’un air gracieux :

« Cher ami, que pensez-vous des paroles du professeur ? — Savez-vous pourquoi il tonne si effroyablement et déclame ainsi de froideur glaciale, de prosaïsme ? — Vous convenez, n’est-ce pas, que Madame est encore passablement fraîche et jeune pour son âge. — Eh bien… riez, riez ! — Eh bien le professeur a voulu à toutes forces lui développer entre quatres yeux certaines propositions philosophiques qui lui parurent trop hardies. Elle dédaigna absolument les leçons particulières de philosophie que voulait lui donner messire le professeur, et il a pris cela en très-mauvaise part : de là ses invectives, ses malédictions !

» — Voyez-vous, le malin singe ! À présent, me voilà raffermi tout-à-fait dans mon opinion, » dit le musicien ; et tous deux rejoignirent la société.