Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/771

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MOI.

Il est un autre poète de ces derniers temps qui, selon moi, du moins sous le rapport de la candeur d’âme et du véritable sentiment poétique, mérite de lui être comparé.

BERGANZA.

Veux-tu parler de celui-là qui fIt résonner avec une rare puissance de talent la harpe oubliée des géants du Nord, qui, plein d’un chaleureux enthousiasme, doua d’une vie nouvelle le sublime héros Sigurd, et jeta un tel éclat dans le monde littéraire que toutes les pâles étoiles d’alors eu furent éclipsées, et qu’on vit tomber honteusement et sonnant le vide ces cuirasses de mannequins qu’on avait prises jusque-là pour les héros eux-mêmes ? — Si c’est de celui-là que tu veux parler, je me range pleinement de ton avis. Il règne en maître absolu dans l’empire du merveilleux, dont les étranges apparitions obéissent fidèlement à la puissante évocation de sa baguette magique, et… Mais à ce propos, par une singulière association d’idées, je me souviens d’un tableau, ou plutôt d’une gravure, dont une interprétation, plus idéale que le sujet qu’elle représente, me semble bien exprimer le vrai caractère intellectuel de ces poètes dont nous parlons.

MOI.

Parle, cher Berganza, quel est ce dessin ?

BERGANZA.