Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/786

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

travers les sombres vitraux, et toutes les figures sculptées et moulées dont toutes les parois de l’édifice sont richement ornées, semblaient alors devenir mobiles et vivantes. Des cerfs aux immenses ramures et d’autres animaux fantastiques fixaient sur toi du plafond d’ardents regards que tu osais à peine soutenir. Aussi, plus le crépuscule devenait sombre, plus la statue de marbre du vieux roi élevée au milieu de la salle te causait une émotion de terreur. La grande fresque où sont représentées les vertus et les vices, avec leurs noms au bas, perdait sensiblement de sa moralité ; car, tandis que les vertus se confondaient déjà près du ceintre dans une teinte vaporeuse, les vices, personnifiés par des femmes merveilleusement belles, avec des vêtements somptueux de couleurs éclatantes et variées, ressortaient à l’œil comme de séduisantes apparitions et semblaient vouloir te captiver par le doux gazouillement de leurs voix.

Tu arrêtais plus volontiers ton regard sur la frise étroile et longue qui fait presque le tour de la salle, et où l’on a peint, en groupes gracieux, en pompeux cortèges, les élégantes milices au riche costume de l’ancienne ville impériale. De vénérables bourguemestres, à l’air important et réfléchi, chevauchent en tête sur de fringants coursiers superbement harnachés, et les tambours, les fifres, les hallebardiers s’avancent avec une apparence si belliqueuse et si vraie que tu crois entendre leurs fanfares joyeuses, et que tu t’attends à les voir sortir en effet par cette grande fenêtre là-bas qui donne sur le marché long.