Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/80

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fixés sur le pasteur, sans savoir ce qu’elle devait penser. « Ah ! mon cher et révérend monsieur ! s’écria-t-elle enfin d’un ton lamentable, un homme de Dieu tel que vous ne voudrait pas sans doute se moquer d’une pauvre malheureuse femme que le ciel a voulu punir, et lui seul sait pourquoi, en lui envoyant cet horrible laidron ! — Que dites-vous ? répliqua le pasteur très-sérieusement, à quoi rêvez-vous, ma bonne femme ? Se moquer, — un laidron, — punition du ciel, — je ne vous comprends pas du tout ; mais je sais bien seulement que votre aveuglement serait sans exemple, si vous n’aimiez pas de tout votre cœur ce joli enfant. — Embrasse-moi, mon gentil petit homme ! » Et le pasteur flattait de la main petit Zach, mais petit Zach de grogner de plus belle : « Je ne veux pas ! » Et il cherchait obstinément à happer avec ses dents le nez du révérend.

« Voyez donc ! la méchante bête ! » s’écria Lise effrayée. Mais au même moment l’enfant du pasteur disait : « Ah ! mon cher père ! tu es si bon, tu es si gentil qu’il faut bien que tous les enfants te témoignent la même tendresse.

» Mais écoutez donc, mère Lise ! s’écria le pasteur dont les yeux étincelaient de plaisir, écoutez donc un peu parler si spirituellement ce joli enfant, votre cher petit Zach, à qui vous en voulez tant. — Je le vois bien, vous ne vous intéresserez jamais à lui, malgré sa beauté et sa vive intelligence. Écoutez, mère Lise ! confiez-moi votre enfant, qui donne tant d’espérances, pour que je l’élève et en prenne soin. Pauvre et indigente comme vous êtes, cet enfant ne