Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut que vous être à charge, et pour moi ce sera un plaisir sans égal que de l’élever comme mon propre fils ! »

Lise ne pouvait revenir de son étonnement ; elle ne cessait de répéter : « Mais, cher monsieur le pasteur ! cher monsieur le pasteur ! est-ce bien sérieusement en effet que vous voulez prendre avec vous le petit monstre, l’élever, et me délivrer du tourment que me cause ce marmot malencontreux ? » — Mais plus la femme représentait au pasteur l’horrible laideur de sa mandragore ensorcelée, plus le digne homme s’évertuait à lui prouver que son fol aveuglement la rendait indigne de la faveur céleste qui lui avait octroyé ce vrai prodige d’enfant, et il finit, dans l’excès de sa colère, par fermer sa porte au verrou, en emportant petit Zach sur son bras dans la maison.

Dame Lise demeura comme pétrifiée devant la porte du presbytère, ne sachant ce qu’elle devait penser de tout cela. « Qu’est-il donc arrivé à notre digne et révérend pasteur, au nom de tous les saints ! se disait-elle à elle-même, pour qu’il ait pu s’engouer à ce point de petit Zach, et qu’il regarde ce stupide nabot comme un modèle de beauté et d’esprit ? — Après tout, que Dieu récompense le digne homme pour m’avoir débarrassé d’un pareil fardeau, et s’en être chargé à ma place. C’est à lui à présent à s’en accommoder comme il pourra ! — Ah ! combien le poids de ma hotte est devenu léger, maintenant que petit Zacb n’est plus couché dessus, et avec lui mon plus grand souci ! »