Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/821

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ressemble à la Voluptas et à la Luxuries des fresques de la Cour d’Artus, et qu’elle a les cheveux de l’Ira leur compagne. — Ô Felicitas ! Felicitas ! ma belle bien-aimée ! je te vois étendant les bras vers moi avec une tendresse passionnée… J’accours ! me voici ! — Et sachez-le bien, poursuivil-il en saisissant violemment son associé consterné, vous ne me reverrez jamais dans votre infâme comptoir ! Qu’ai-je à démêler avec vos maudits brouillards et vos grands livres ? Je suis peintre, excellent peintre, digne élève de Berklinger ! voilà mon maître, mon père, mon tout ! tandis que vous ne m’êtes rien, absolument rien. » —

En même temps il secouait avec frénésie le pauvre messire Elias, qui se mit à crier : « Au secours ! au secours ! accourez tous, mon associé a le transport, mon gendre est devenu fou — au secours ! »

Tous les employés du comptoir accoururent ; Traugott avait lâché messire Elias, et était retombé, épuisé, sur une chaise. On s’empressa autour de lui ; mais en le voyant se relever subitement et s’écrier, avec un regard farouche : « Que voulez-vous ! » chacun s’écarta du même mouvement, et se hâta de sortir, messire Ëlie Roos le premier. Bientôt après, un léger frôlement comme d’une robe de soie se fit entendre derrière la porte, et une voix demanda : « Serait-il vrai que vous fussiez tout-à-fait devenu fou, mon cher monsieur Traugott ? ou bien n’est-ce qu’une plaisanterie ? »

C’était Christine. — « Je ne suis nullement devenu fou, ma belle enfant, répondit Traugott, et je plai-