Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/9

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I. La Bien-Aimée

J’avais la mort, la mort glaciale dans le cœur. Je croyais sentir dans tout mon être mes veines brûlantes transpercées par des glaçons aigus. Je me précipitai impétueusement dehors, malgré les ténèbres de la nuit et de l’orage, sans songer à prendre mon chapeau ni mon manteau. — Les girouettes des édifices craquaient avec des sons plaintifs ; il semblait qu’on entendit le grondement terrible des rouages éternels que fait mouvoir le temps, alors que la vieille année va s’engloutir en roulant sourdement, telle qu’un pesant fardeau, dans le sombre abîme du passé.

Tu sais, ami, que le retour de ces fêtes de Noël et du nouvel an, qui vous inspire à tous tant de joie et de franche allégresse, m’arrache invariablement à ma paisible retraite pour me jeter à la merci d’une mer houleuse et mugissante. Noël ! ce sont des jours bénis qui depuis long-temps brillent