Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/122

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prédestinée à éclaircir quelque affreux mystère, et ne la laissait plus maîtresse de sortir du labyrinthe de circonstances étranges où elle était involontairement engagée. Prenant une soudaine résolution, elle dit avec dignité : « Dieu me donnera de la force et du courage : amenez Brusson, je lui parlerai. »

Comme la première fois, lorsque Brusson avait apporté l’écrin, on frappa à minuit à la porte de la maison de mademoiselle de Scudéry. Baptiste, prévenu de la visite nocturne, alla ouvrir. Mademoiselle de Scudéry fut saisie d’un frisson glacial, lorsqu’elle comprit, à un sourd murmure, au léger retentissement des pas, que les gens qui avaient amené Brusson se partageaient leurs postes à toutes les issues de la maison.

Enfin la porte de la chambre s’ouvrit doucement. Desgrais entra, et derrière lui Olivier Brusson, sans liens, vêtu décemment. « Voilà Brusson, mon honorable demoiselle ! » dit Desgrais, en s’inclinant respectueusement, et il quitta la chambre.

Brusson tomba à genoux devant mademoiselle de Scudéry, il éleva ses deux mains jointes en signe de supplication, et de ses yeux s’échappa un torrent de larmes.

Pâle et incapable de proférer un mot, mademoiselle de Scudéry l’envisagea. En dépit du chagrin et de la douleur aiguë qui avaient flétri ses traits, on y lisait l’expression du plus loyal caractère. Plus mademoiselle de Scudéry considérait ce visage de jeune homme, plus elle sentait se réveiller le souvenir de quelque personne chérie, mais qu’elle ne pouvait