Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/125

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boite de raisins confits ; mais il fallut qu’en outre signor Pasquale consentit expressément à lui laisser mettre son habit neuf d’abbate à la place de ses jupes de femme qui, au dire du nain, avaient seules attiré les démons.

Ce que Salvator avait craint paraissait ainsi devoir s’effectuer, et cependant tout son plan dépendait, disait-il, de l’isolement de signor Pasquale avec Marianna au théâtre de Nicolo, et de l’absence de ses compagnons habituels.

Les deux peintres se cassaient la tête à qui mieux mieux pour trouver un expédient propre à détourner signor Splendiano et le Pitichinaccio de leur engagement vis-a-vis de signor Pasquale. — Le ciel, qui emploie souvent les moyens les plus étranges pour amener le châtiment des fous, intervint au secours du couple amoureux, et son instrument en cette circonstance, ce fut Michel, dont la maladresse amena le résultat que Salvator et Antonio voyaient échapper à tous les efforts.

Dans la nuit même il s’éleva tout d’un coup dans la rue Ripetta, devant la maison de signor Pasquale, des cris si lamentables, et un tapage si furieux, que tous les voisins furent réveillés en sursaut ; en même temps des sbires, revenant de la poursuite d’un assassin qui s’était réfugié à la place d’Espagne, dans l’appréhension d’un autre meurtre, accoururent en toute hâte avec des torches. Quand ils furent rendus avec bien d’autres personnes attirées par le bruit à l’endroit qu’ils présumaient être la scène d’un crime, on trouva le nain Pitichinaccio etendu à