Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/126

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terre sans mouvement et Michel frappant d’un énorme gourdin le docteur Pyramide qui tomba sous ses coups redoublés, quand signor Pasquale, se relevant à peine, tira son estoc et assaillit furieusement Michel ; les débris de plusieurs guitares jonchaient le champ de bataille. Plusieurs des assistants arrêtèrent le bras du vieux Capuzzi, qui sans cela aurait infailliblement percé Michel de part en part ; celui-ci, ayant reconnu seulement alors à la clarté des torches à qui il avait à faire, restait béant, immobile, comme frappé de la foudre, les yeux hors de tête, et ressemblant assez au portrait de ce tyran dont il est parlé quelque part, précisément indécis entre la force et la volonté d’agir ; enfin il jeta un hurlement épouvantable, et, s’arrachant les cheveux par poignée, cria grâce et miséricorde.

Ni le docteur Pyramide, ni Pitichinaccio n’avaient reçu de graves blessures ; mais ils étaient tous deux meurtris à ne pouvoir ni marcher, ni bouger, et l’on fut obligé de les transporter chez eux.

Signor Pasquale s’était attiré, par sa faute, ce malheur sur la tête. Nous savons que Salvator et Antonio avaient donné à Marianna une exquise sérénade ; mais j’ai oublié de dire qu’ils la renouvelèrent chaque nuit suivante au désespoir du vieux jaloux.

Signor Pasquale, que ses voisins réprimaient dans sa rage contre nos virtuoses, eut la naïveté de s’adresser à l’autorité pour faire défendre aux deux jeunes peintres de chanter dans la rue Ripetta ; mais l’autorité fut d’avis qu’interdire à qui que ce fût