Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/405

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Cette nouvelle fut pour le pauvre Andrès une grande consolation ; car il était plus affecté de l’incarcération de sa femme que de sa propre disgrâce. — Néanmoins, il voyait son procès empirer de jour en jour. Il était prouvé, conformément à la déposition de Dernier, que, depuis cinq ans, Andrès avait joui d’une certaine aisance, qui ne pouvait provenir que de sa participation aux vols de la troupe. En outre, Andrès avouait lui-même son absence de chez lui le jour de l’attentat commis au château de Vach, et sa déclaration, relativement à l’héritage et à son séjour à Francfort, ne présentait point de garantie ; car il lui était impossible d’indiquer le nom du négociant dont il disait avoir reçu l’argent. Le banquier du comte de Vach et le maître de l’hôtel, à Francfort, où il était descendu, s’accordèrent par malheur pour dire qu’ils n’avaient aucun souvenir du garde-forestier qu’on leur signalait. Enfin, le justicier du comte de Vach, qui avait dressé le certificat nécessaire à Andrès, était mort, et aucun des serviteurs du seigneur de Vach ne savait rien de l’héritage, car le comte n’en avait point parlé, et Andrès avait gardé le même silence dans l’intention où il était de surprendre sa femme par cette bonne nouvelle, à son retour de Francfort. Ainsi tout ce qu’Andrès avançait pour prouver son séjour à Francfort au moment du vol, et la légitime possession de cet argent, semblait fort suspect. Denner, au contraire, s’en tenait toujours à sa première déposition, et tous les brigands qui avaient été saisis s’accordaient exactement avec lui.