Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

III
J. MENZIES À E. JOHNSTON, À LONDRES.
À bord de la Découverte, le 2 juillet 18…

Tu as raison, mon cher ami, la dernière fois que je t’écrivis, j’étais vraiment sous le coup de quelque accès de spleen. La vie à Port-Jackson m’était insupportable ; je pensais avec impatience à mon beau paradis, ce charmant pays d’O-Wahu que je venais de quitter depuis peu. Mon ami Broughton, un savant et en même temps un galant homme, était le seul qui pût me rasséréner et m’entretenir dans un enthousiasme scientifique ; mais lui-même s’ennuyait également à Port-Jackson, qui ne peut fournir matière à nos recherches. Si je ne me trompe, je t’ai écrit précisément qu’on avait promis au roi d’O-Wahu, nommé Téimotu, un beau navire qui devait être construit et équipé à Port-Jackson. Cela eut lieu en effet ; le capitaine Bligh recut l’ordre de conduire le navire à O-Wahu et d’y séjourner quelque temps pour lier plus étroitement amitié avec le roi Téimotu. Comme mon cœur battait de joie à cette nouvelle, car je me croyais certain de faire partie de l’expédition ! Mais un coup de foudre qui traverse tout à coup un ciel pur ne m’aurait pas frappé davantage que cette annonce enjoignant à Broughton de s’embarquer seul. La Découverte, destinée à l’expédition d’O-Wahu, est un navire de moyenne grandeur qui ne peut guère recevoir de personnes que l’équipage nécessaire, aussi espérais-je d’autant moins faire prévaloir mon désir d’accom-