Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/298

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croit faire en empêchant la cuisinière de faire danser l’anse du panier, n’existe pas, parce que la cuisinière ne laisse pas que de s’entendre secrètement avec la marchande, en sorte que cela ne balance pas le dommage que la fréquentation du marché peut amener. Jamais je ne voudrais, pour quelques kreutzers, exposer ma fille à être entourée de gens mal élevés, à entendre des équivoques et des propos malhonnêtes des gens du marché. Et encore il faut parler des coups d’œil des langoureux jeunes gens en habit bleu, à cheval, ou en redingote jaune à collet noir, à pied, dont le marché est… — Mais tiens, regarde donc, regarde, cousin ; comment trouves-tu la fille qui nous arrive du côté de la pompe, accompagnée d’une cuisinière déjà âgée ? Prends ma lunette, cousin, prends ma lunette.

MOI. — Ah ! quelle créature ! c’est l’amabilité en personne ; — mais elle baisse pudiquement les yeux ; — chacun de ses pas est craintif, — chancelant ; — elle se retient timidement à sa compagne, qui lui ouvre avec effort un passage dans la foule. — Je la suis. — Voilà la cuisinière qui s’arrête devant les paniers de légumes. — Elle marchande, — elle attire la petite, qui prend vite, vite de l’argent dans sa bourse, en détournant à moitié son visage, et tend cet argent, toute joyeuse de pouvoir en être quitte. — Je ne puis la perdre, grâce à son châle rouge. — Elle semble chercher quelque chose en vain. — Enfin ! enfin ! les voici qui s’arrêtent près d’une femme qui vend des légumes plus délicats dans de jolis paniers. Toute l’attention de la jolie petite est absorbée par un panier des plus frais choux-fleurs. — La jeune fille elle-même en choisit une tête et la met dans le panier de la cuisinière. — Comment ? l’ef-