Page:Hoffmann - Contes posthumes, 1856, trad. Champfleury.djvu/306

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six pieds de haut, sec comme une trique et raide comme un cierge, avec une bosse au dos. Dessous un petit tricorne applati sous la cocarde d’une bourse à cheveux, qui retombent doucement tout au large de son dos. Son habit gris, d’une mode déjà bien vieille et boutonné par-devant du haut en bas, sans faire un seul pli au corps ; et, à mesure qu’il approchait de la voiture, j’avais déjà remarqué sa culotte noire, ses bas noirs et les grandes boucles d’étain de ses souliers. Que peut-il donc avoir dans la boîte carrée qu’il porte si soigneusement sous le bras gauche, et qui ressemble presque à la balle d’un colporteur ?

LE COUSIN. — Tu vas bientôt le savoir, fais seulement attention.

MOI. — Il ouvre le couvercle de sa boîte, — le soleil donne dedans, — reflets rayonnants ; — la caisse est doublée de plomb. — Il ôte son chapeau et fait à la marchande de confitures une courbette presque respectueuse. Quel est donc ce visage original ? Lèvres finement closes, — un nez de vautour, — grands yeux noirs, saillants et fortes prunelles, — un front haut, — cheveux noirs, — le toupet frisé en cœur avec de petites boucles raides sur les oreilles. — Il tend sa boîte à la marchande, qui la lui remplit de confitures et qui lui sourit amicalement ; puis, après avoir refermé sa boîte, l’homme s’éloigne avec une seconde courbette : voici qu’il passe près d’une tonne de harengs ; il tire un petit tiroir de sa boîte, y fourre quelques harengs qu’il vient d’acheter et referme le tiroir. — Un troisième tiroir me paraît destiné, à ce que je vois, à loger le persil et d’autres herbes. — Maintenant, il traverse en différents sens le marché d’un pas lent et plein de gra-