Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/41

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Mlle de Scudéri le regarda de nouveau avec un redoublement d’attention, et si elle n’avait reconnu en lui une ressemblance avec une personne qui lui était chère, certes elle n’aurait pu maîtriser l’horreur que lui faisait éprouver la présence d’un assassin chez elle. Elle ne cacha point ce sentiment à Brusson, et lui dit qu’il devait à cette ressemblance l’intérêt qu’elle lui témoignait encore.

Brusson ne put supporter ces paroles sans révolte, il se releva brusquement, fit un pas en arrière et clouant son regard sur le plancher :

— Vous ne vous souvenez donc plus, dit-il d’une voix sourde, vous ne vous souvenez donc plus d’Anne Guiot ? Je suis son fils Olivier, l’enfant que vous avez fait si souvent sauter sur vos genoux.

— Oh ! pour l’amour de tous les saints ! s’écria Mlle de Scudéri, en se couvrant le visage de ses deux mains.

La demoiselle avait bien des motifs pour être émue de la sorte. Anne Guiot, fille d’un bourgeois ruiné, avait été élevée depuis sa plus tendre enfance par Mlle de Scudéri qui avait été pour elle une seconde mère et avait prodigué avec tendresse les plus grandes des sollicitudes. Plus tard, Anne avait fait la connaissance d’un jeune homme honnête et rangé. Claude Brusson, qui avait deman-