Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/100

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cette coordination subsistera, l’espece humaine se conservera, se propagera d’après l’impulsion & les loix primitives qui l’ont jadis fait éclore : que si cette coordination venoit à cesser, ou si la terre déplacée cessoit de recevoir les mêmes impulsions ou influences de la part des causes qui agissent actuellement sur elle & qui lui donnent son énergie, l’espece humaine changeroit pour faire place à des êtres nouveaux propres à se coordonner avec l’état qui succéderoit à celui que nous voyons subsister maintenant.

En supposant donc des changemens dans la position de notre globe, l’homme primitif différoit, peut-être, plus de l’homme actuel, que le quadrupede ne différe de l’insecte. Ainsi l’homme, de même que tout ce qui existe sur notre globe & dans tous les autres, peut être regardé comme dans une vicissitude continuelle. Ainsi le dernier terme de l’existence de l’homme nous est aussi inconnu & aussi indifférent que le premier. Ainsi il n’y a nulle contradiction à croire que les especes varient sans cesse, & il nous est aussi impossible de sçavoir ce qu’elles deviendront que de sçavoir ce qu’elles ont été.

à l’égard de ceux qui demandent pourquoi la nature ne produit pas des êtres nouveaux, nous leur demanderons à notre tour sur quel fondement ils supposent ce fait ? Qu’est-ce qui les autorise à croire cette stérilité de la nature ? Sçavent-ils si dans les combinaisons qui se font à chaque instant, la nature n’est point occupée à produire des êtres nouveaux à l’insçu de ses observateurs ? Qui leur a dit si cette nature ne rassemble point actuellement dans son laboratoire immense les élémens