Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/106

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due ne pouvoit se mouvoir lui-même ni communiquer le mouvement au corps, puisqu’un tel être n’ayant point de parties, est dans l’impossibilité de changer ses rapports de distance rélativement à d’autres corps, ni d’exciter le mouvement dans le corps humain qui est matériel. Ce qu’on appelle notre ame se meut avec nous ; or le mouvement est une propriété de la matiere. Cette ame fait mouvoir notre bras, & notre bras mu par elle fait une impression, un choc qui suit la loi générale du mouvement. Ensorte que si la force restant la même, la masse étoit double, le choc seroit double. Cette ame se montre encore matérielle dans les obstacles invincibles qu’elle éprouve de la part des corps. Si elle fait mouvoir mon bras, quand rien ne s’y oppose ; elle ne fera plus mouvoir ce bras si on le charge d’un trop grand poids. Voilà donc une masse de matiere qui anéantit l’impulsion donnée par une cause spirituelle qui n’ayant nulle analogie avec la matiere devroit ne pas trouver plus de difficulté à remuer le monde entier qu’à remuer un atôme, & un atôme que le monde entier. D’où l’on peut conclure qu’un tel être est une chimere, un être de raison. C’est néanmoins d’un pareil être simple ou d’un esprit semblable que l’on a fait le moteur de la nature entière ! [1]

Dés que j’apperçois ou que j’éprouve du mouvement, je suis forcé de reconnoître de l’étendue, de la solidité, de la densité, de l’impé-

  1. On a imaginé l’esprit universel d’aprés l’ame humaine, l’intelligence infinie d’aprés l’intelligence fini puis on s’est servi de la premiere pour expliquer la liaison de l’ame humaine avec le Corps. On ne s’est point apperçu que ce n’étoit là qu’un cercle vicieux ; & l’on n’a pas vu non plus que l’esprit ou l’intelligence, soit qu’on les suppose finis ou infinis n’en seront pas plus propres à mouvoir la matiere.