Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/130

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sont des mouvemens du corps déterminés par les modifications du cerveau. La vue d’un fruit modifie mon cerveau d’une façon qui le dispose à faire mouvoir mon bras pour cueillir le fruit que j’ai vu & le porter à ma bouche.

Toutes les modifications que reçoit l’organe intérieur ou le cerveau ; toutes les sensations, perceptions & idées que les objets qui remuent les sens lui donnent ou qu’il renouvelle en lui-même, sont agréables ou désagréables, sont favorables ou nuisibles à notre façon d’être habituelle ou passagére, & disposent l’organe intérieur à agir, ce qu’il fait en raison de sa propre énergie, qui n’est point la même dans tous les êtres de l’espece humaine, & qui dépend de leurs tempéramens. De là naissent les passions plus ou moins fortes, qui ne sont que des mouvemens de la volonté déterminée par les objets qui la remuent en raison composée de l’analogie ou de la discordance qui se trouvent entre eux & notre propre façon d’être, & de la force de notre tempérament. D’où l’on voit que les passions sont des façons d’être ou des modifications de l’organe intérieur, attiré ou repoussé par les objets, & qui, parconséquent, est soumis à sa maniere aux loix physiques de l’attraction & de la répulsion.

La faculté d’appercevoir ou d’être modifié tant par les objets extérieurs que par lui-même, dont notre origine intérieur jouit, se désigne quelque fois sous le nom d’entendement. L’on a donné le nom d’intelligence à l’assemblage des facultés diverses dont cet organe est susceptible. On donne le nom de raison à une façon déterminée dont il exerce ses facultés. L’on nomme esprit, sagesse, bonté, prudence, vertu, etc. des dispositions ou des