Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/137

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nons, la qualité de l’air que nous respirons, le climat que nous habitons, l’éducation que nous recevons, les idées qu’on nous présente & les opinions qu’on nous donne, modifient ce tempérament : & comme ces circonstances ne peuvent jamais être rigoureusement les mêmes en tout point pour deux hommes, il n’est pas surprenant qu’il y ait entre eux une si grande diversité, ou qu’il y ait autant de tempéramens différens qu’il y a d’individus de l’espece humaine.

Ainsi quoique les hommes aient entre eux une ressemblance générale, ils différent essentiellement tant par le tissu & l’arrangement des fibres & des nerfs, que par la nature, la qualité, la quantité des matieres qui mettent ces fibres en jeu & leur impriment des mouvemens. Un homme, déja différent d’un autre homme par la texture & la disposition de ses fibres, le devient encore plus lorsqu’il prend des alimens nourrissans, lorsqu’il boit du vin, lorsqu’il fait de l’exercice, tandis que l’autre qui ne boira que de l’eau, ne prendra que des nourritures peu succulentes, languira dans l’inertie & l’oisiveté.

Toutes ces causes influent nécessairement sur l’esprit, sur les passions, sur les volontés, en un mot sur ce qu’on appelle les facultés intellectuelles. C’est ainsi que nous voyons qu’un homme sanguin est communément spirituel, emporté, voluptueux, entreprenant, tandis qu’un homme flegmatique est d’une conception, lente & difficile à émouvoir, est d’une imagination peu vive, est pusillanime & incapable de vouloir fortement.

Si l’on consultoit l’expérience au lieu du pré-