Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/155

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mer & de chercher ; il a des goûts, des penchans, des fantaisies que dans tout le cours de sa vie il s’empresse de satisfaire, en raison de l’activité dont la nature l’a pourvu & que l’on a exercée en lui.

La politique devroit être l’art de régler les passions des hommes & de les diriger vers le bien de la société, mais elle n’est trop souvent que l’art d’armer les passions des membres de la société pour leur destruction mutuelle, & pour celle de l’association qui devroit faire leur bonheur. Elle est communément si vicieuse parce qu’elle n’est point fondée sur la nature, sur l’expérience, sur l’utilité générale ; mais sur les passions, les caprices, l’utilité particulière de ceux qui gouvernent la société.

La politique pour être utile doit fonder ses principes sur la nature, c’est-à-dire, se conformer à l’essence & au but de la société : celle-ci n’étant qu’un tout formé par la réunion d’un grand nombre de familles & d’individus, rassemblés pour se procurer plus facilement leurs besoins réciproques, les avantages qu’ils désirent, des secours mutuels, & surtout la faculté de jouir en sûreté des biens, que la nature & l’industrie peuvent fournir, il s’ensuit que la politique destinée à maintenir la société doit entrer dans ces vues, en faciliter les moyens, écarter tous les obstacles qui pourroient les traverser.

Les hommes en se rapprochant les uns des autres pour vivre en société, ont fait, soit formellement soit tacitement, un pacte, par lequel il se sont engagés à se rendre des services & à ne point se nuire. Mais comme la nature de chaque homme le porte à chercher à tout moment son bien