Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/167

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nourrices, sont serrés de bandelettes, qui leur ôtent le libre usage de ces membres, s’opposent à leur croissance, à leur activité, à leur santé.

Les opinions religieuses des hommes n’ont pour objet que de leur montrer la suprême félicité dans des illusions, pour lesquelles on allume leurs passions ; & comme les phantômes qu’on leur présente ne peuvent point être vûs des mêmes yeux par tous ceux qui les contemplent, ils sont perpétuellement en dispute à leurs sujets, ils se haïssent, ils se persécutent, & croient souvent bien faire en commettant des crimes pour soutenir les opinions. C’est ainsi que la religion enivre les hommes dès l’enfance, de vanité, de fanatisme & de fureurs, s’ils ont une imagination échauffée ; si au contraire ils sont flegmatiques & lâches, elle en fait des hommes inutiles à la société ; s’ils ont de l’activité, elle en fait des frénétiques souvent aussi cruels pour eux-mêmes qu’incommodes pour les autres.

L’opinion publique nous donne à chaque instant de fausses idées de gloire & d’honneur ; elle attache notre estime non seulement à des avantages frivoles, mais encore à des actions nuisibles que l’exemple autorise, que le préjugé consacre, que l’habitude nous empêche de voir avec l’horreur & le mépris qu’elles méritent. En effet l’habitude apprivoise notre esprit avec les idées les plus absurdes, les usages les plus déraisonnables, les actions les plus blâmables, les préjugés les plus contraires à nous-mêmes & à la société où nous vivons. Nous ne trouverons étranges, singuliers, méprisables, ridicules que les opinions & les objets auxquels nous ne sommes pas accoutumés ; il