Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/179

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associe une autre, puis une troisieme etc. Donne tout le méchanisme du raisonnement.

Une idée, qui n’est qu’une modification imperceptible de notre cerveau, met en jeu l’organe de la parole, ou se montre par les mouvemens qu’elle excite dans la langue ; celle-ci fait à son tour naître des idées, des pensées, des passions dans des êtres pourvus d’organes susceptibles de recevoir des mouvemens analogues, en conséquence desquels, les volontés d’un grand nombre d’hommes font que leurs efforts combinés produisent une révolution dans un état, ou même influent sur notre globe entier. C’est ainsi qu’un Alexandre décide du sort de l’Asie ; c’est ainsi que Mahomet change la face de la terre ; c’est ainsi que des causes imperceptibles produisent les effets les plus terribles & les plus étendus par une suite nécessaire des mouvemens imprimés aux cerveaux des hommes.

La difficulté de comprendre les effets de l’ame de l’homme lui a fait attribuer les qualités incompréhensibles que l’on a examinées. à l’aide de l’imagination & de la pensée cette ame semble sortir de nous-mêmes, se porter avec la plus grande facilité vers les objets les plus éloignés ; parcourir & rapprocher en un clin d’œil tous les points de l’univers : on crut donc qu’un être susceptible de mouvemens si rapides devoit être d’une nature très différente de tous les autres ; on se persuada que cette ame faisoit réellement tout le chemin immense nécessaire pour s’élancer jusqu’à ces objets divers ; on ne vit pas que pour le faire en un instant, elle n’avoit qu’à se parcourir elle-même, & rapprocher des idées consignées dans elle par le moyen de ses sens.