Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que les développemens des premieres impulſions que la nature nous a données. Le même animal, en vertu de ſon organiſation, paſſe ſucceſſivement de beſoins ſimples à des beſoins plus compliqués, mais qui n’en ſont pas moins des ſuites de ſa nature. C’eſt ainſi que le papillon dont nous admirons la beauté, commence par être un œuf inanimé, duquel la chaleur fait ſortir un ver, qui devient chryſalide, & puis ſe change en un inſecte aîlé, que nous voyons s’orner des plus vives couleurs : parvenu à cette forme, il se reproduit & ſe propage ; enfin dépouillé de ſes ornemens, il eſt forcé de diſparoître après avoir rempli la tâche que la nature lui impoſoit, ou décrit le cercle des changemens qu’elle a tracés aux êtres de son eſpece.

Nous voyons des changemens & des progrès analogues dans tous les végétaux. C’eſt par une ſuite de la combinaiſon, du tiſſu, de l’énergie primitive donnés à l’aloës par la nature, que cette plante inſensiblement accrue & modifiée, produit au bout d’un grand nombre d’années des fleurs qui ſont les annonces de ſa mort.

Il en eſt de même de l’homme qui, dans tous ſes progrès, dans toutes les variations qu’il éprouve, n’agit jamais que d’après les loix propres à ſon organiſation & aux matieres dont la nature l’a compoſé. L’Homme phyſique eſt l’homme agiſſant par l’impulſion de cauſes que nos ſens nous font connoitre ; l’homme moral eſt l’homme agiſſant par des cauſes phyſiques que nos préjugés nous empêchent de connoître. L’Homme Sauvage eſt un enfant dénué d’expérience, incapable de travailler à ſa félicité. L’Homme policé eſt celui que