Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La volonté, comme on l’a dit ailleurs, est une modification dans le cerveau par laquelle il est disposé à l’action ou préparé à mettre en jeu les organes qu’il peut mouvoir. Cette volonté est nécessairement déterminée par la qualité bonne ou mauvaise, agréable ou désagréable de l’objet ou du motif qui agit sur nos sens, ou dont l’idée nous reste & nous est fournie par la mémoire. En conséquence nous agissons nécessairement, notre action est une suite de l’impulsion que nous avons reçue de ce motif, de cet objet ou de cette idée, qui ont modifié notre cerveau ou disposé notre volonté ; lorsque nous n’agissons point c’est qu’il survient quelque nouvelle cause, quelque nouveau motif, quelque nouvelle idée qui modifie notre cerveau d’une maniere différente, qui lui donne une nouvelle impulsion, une nouvelle volonté, d’après laquelle ou elle agit, ou son action est suspendue. C’est ainsi que la vue d’un objet agréable ou son idée déterminent notre volonté à agir pour nous le procurer ; mais un nouvel objet ou une nouvelle idée anéantissent l’effet des premiers, & empêchent que nous n’agissions pour nous le procurer. Voilà comme la réflexion, l’expérience, la raison arrêtent ou suspendent nécessairement les actes de notre volonté, sans cela elle eût nécessairement suivi les premieres impulsions qui la portoient vers un objet desirable. En tout cela nous agissons toujours suivant des loix nécessaires.

Lorsque tourmenté d’une soif ardente, je me figure en idée ou j’apperçois réellement une fontaine dont les eaux pures pourroient me désaltérer, suis-je maître de desirer ou de ne point desirer l’objet qui peut satisfaire un besoin si vif dans