Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/213

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trouve & qui existent malgré moi dans la cause qui me remue ou que mon esprit y suppose.

Toutes les causes qui agissent sur la volonté doivent avoir agi sur nous d’une façon assez marquée pour nous donner quelque sensation, quelque perception, quelque idée soit complette soit incomplette, soit vraie soit fausse. Dès que ma volonté se détermine, je dois avoir senti fortement ou foiblement, sans quoi je serois déterminé sans motif. Ainsi, à parler exactement, il n’y a point pour la volonté de causes vraiment indifférentes : quelque foibles que soient les impulsions que nous recevons soit de la part des objets même, soit de la part de leurs images ou idées ; dès que notre volonté agit, ces impulsions ont été des causes suffisantes pour la déterminer. En conséquence d’une impulsion légère & foible nous voudrons foiblement, c’est cette foiblesse dans la volonté que l’on nomme indifférence. Notre cerveau s’apperçoit à peine du mouvement qu’il a reçu, il agit en conséquence avec peu de vigueur pour obtenir ou écarter l’objet ou l’idée qui l’ont modifié. Si l’impulsion eût été forte, la volonté seroit forte, & elle nous feroit agir fortement pour obtenir ou pour éloigner l’objet qui nous paroitroit ou très agréable ou très incommode.

On a cru que l’homme étoit libre, parce qu’on s’est imaginé que son ame pouvoit à volonté se rapeller des idées, qui suffisent quelquefois pour mettre un frein à ses désirs les plus emportés[1]. C’est ainsi que l’idée d’un mal éloigné nous empêche quelquefois de nous livrer à un bien ac-

  1. S. Augustin dit non enim cuiquam in potestate est quid veniat in mentem.