Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/235

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Ce que l’homme va faire est toujours une suite de ce qu’il a été, de ce qu’il est, de ce qu’il a fait jusqu’au moment de l’action. Notre être actuel & total, considéré dans toutes ses circonstances possibles, renferme la somme de tous les motifs de l’action que nous allons faire ; principe à la vérité duquel aucun être pensant ne peut se refuser. Notre vie est une suite d’instans nécessaires, & notre conduite bonne ou mauvaise, vertueuse ou vicieuse, utile ou nuisible à nous-mêmes ou aux autres, est un enchaînement d’actions aussi nécessaires que tous les instans de notre durée. vivre c’est exister d’une façon nécessaire pendant des points de la durée qui se succèdent nécessairement ;vouloir, c’est acquiescer ou ne point acquiescer à demeurer ce que nous sommes ;être libre c’est céder à des motifs nécessaires que nous portons en nous-mêmes.

Si nous connoissions le jeu de nos organes ; si nous pouvions nous rappeller toutes les impulsions ou modifications qu’ils ont reçues, & les effets qu’elles ont produits, nous verrions que toutes nos actions sont soumises à la fatalité, qui règle notre systême particulier comme le systême entier de l’univers ; nul effet en nous, comme dans la nature, ne se produit au hazard, qui, comme on l’a prouvé, est un mot vuide de sens. Tout ce qui se passe en nous ou ce qui se fait par nous, ainsi que tout ce qui arrive dans la nature, ou que nous lui attribuons, est dû à des causes nécessaires, qui agissent d’après des loix nécessaires, & qui produisent des effets nécessaires, d’où il en découle d’autres.