Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/236

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La fatalité est l’ordre éternel, immuable, nécessaire, établi dans la nature, ou la liaison indispensable des causes qui agissent avec les effets qu’elles opèrent. D’après cet ordre les corps pesans tombent, les corps légers s’élèvent, les matières analogues s’attirent, les contraires se repoussent ; les hommes se mettent en société, se modifient les uns les autres, deviennent bons ou méchans, se rendent mutuellement heureux ou malheureux, s’aiment ou se haïssent nécessairement d’après la manière dont ils agissent les uns sur les autres. D’où l’on voit que la nécessité qui règle les mouvemens du monde physique règle aussi tous ceux du monde moral, où tout est parconséquent soumis à la fatalité. En parcourant à notre insçu & souvent malgré nous la route que la nature nous a tracée, nous ressemblons à des nageurs forcés de suivre le courant qui les emporte ; nous croyons être libres parceque tantôt nous consentons, tantôt nous ne consentons point à suivre le fil de l’eau qui toujours nous entraîne ; nous nous croyons les maîtres de notre sort, parce que nous sommes forcés de remuer les bras dans la crainte d’enfoncer.

Volentem ducunt fata, nolentem trahunt.
Senec.

Les idées fausses que l’on s’est faites sur la liberté sont en général fondées sur ce qu’il y a des événemens que nous jugeons nécessaires, parce que nous voyons qu’ils sont des effets constamment & invariablement liés à de certaines causes, sans que rien puisse les empêcher, ou parce que