Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

actions des hommes ; elle est la mesure de l’estime & de l’amour que nous devons à la vérité même : les vérités les plus utiles sont les plus estimables ; nous appellons grandes les vérités les plus intéressantes pour le genre humain ; celles que nous appellons stériles, ou que nous dédaignons, sont celles dont l’utilité se borne à l’amusement de quelques hommes qui n’ont point des idées, des façons de sentir, des besoins analogues aux nôtres.

C’est d’après cette mesure que l’on doit juger des principes qui viennent d’être établis dans cet ouvrage. Ceux qui connoîtront la vaste chaîne des maux que les systêmes erronés de la superstition ont produits sur la terre, reconnoîtront l’importance de leur opposer des systêmes plus vrais, puisés dans la nature, fondés sur l’expérience. Ceux qui sont, ou qui se croient intéressés aux mensonges établis regarderont avec horreur les vérités qu’on leur présente. Enfin ceux qui ne sentiront point, ou qui ne sentiront que foiblement les malheurs causés par les préjugés théologiques, regarderont tous nos principes comme inutiles, ou comme des vérités stériles, faites tout au plus pour amuser l’oisiveté de quelques spéculateurs.

Ne soyons point étonnés des différens jugemens que nous voyons porter aux hommes ; leurs intérêts n’étant jamais les mêmes, non plus que leurs notions d’utilité ils condamnent ou dédaignent tout ce qui ne s’accorde point avec leurs propres idées. Cela posé, examinons si aux yeux de l’homme désintéressé, dégagé des préjugés,