Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/265

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tion a voulu le soustraire, nous verrons que les phénomènes du monde moral suivent les mêmes règles que ceux du monde physique, & que la plûpart des grands effets, que notre ignorance & nos préjugés nous font regarder comme inexplicables & comme merveilleux, deviendront simples & naturels pour nous. Nous trouverons que l’éruption d’un volcan & la naissance d’un Tamerlan sont pour la nature la même chose ; en remontant aux causes premières des événemens les plus frappans que nous voyons avec effroi s’opérer sur la terre, de ces révolutions terribles, de ces convulsions affreuses qui déchirent & ravagent les nations, nous trouverons que les volontés qui opérent en ce monde les changemens les plus surprenans & les plus étendus, sont mues dans leur principe par des causes physiques, que leur petitesse nous fait juger méprisables & peu capables de produire des phénomènes que nous trouvons si grands.

Si nous jugeons des causes par leurs effets, il n’est point de petites causes dans l’univers. Dans une nature où tout est lié, où tout agit & réagit, où tout se meut & s’altère, se compose & se décompose, se forme & se détruit, il n’est pas un atôme qui ne joue un rôle important & nécessaire ; il n’est point de molécule imperceptible qui, placée dans des circonstances convenables, n’opère des effets prodigieux. Si nous étions à portée de suivre la chaîne éternelle qui lie toutes les causes aux effets que nous voyons, sans perdre aucun de ses chaînons de vue ; si nous pouvions démêler le bout des fils insensibles qui remuent les pensées, les volontés, les passions de