Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

systême religieux, les opinions & les usages d’une partie considérable des habitans de notre monde. Mais en remontant à la source primitive de ces étranges révolutions, quelles sont les causes cachées qui influoient sur cet homme, qui excitoient ses propres passions, qui constituoient son tempérament ? Quelles sont les matières de la combinaison desquelles résulte un voluptueux, un fourbe, un ambitieux, un enthousiaste, un homme éloquent, en un mot un personnage capable d’en imposer à ses semblables & de les faire concourir à ses vues ? Ce sont les particules insensibles de son sang, c’est le tissu imperceptible de ses fibres, ce sont des sels plus ou moins âcres qui picottent ses nerfs, c’est plus ou moins de matière ignée qui circule dans ses veines. D’où viennent ces élémens eux-mêmes ? C’est du sein de sa mère, c’est des alimens qui l’ont nourri, du climat qui l’a vu naître, des idées qu’il a reçues, de l’air qu’il a respiré, sans compter mille causes inappréciables & passagères qui dans des instans donnés ont modifié & déterminé les passions de cet important personnage devenu capable de changer la face de notre globe.

A des causes si foibles dans leur principe, si l’on eut dans l’origine opposé les moindres obstacles, les événemens si merveilleux dont nous sommes surpris ne seroient point arrivés. Un accès de fiévre, causé par un peu de bile trop enflammée, eut pu faire avorter tous les projets du législateur des musulmans. De la diéte, un verre d’eau, une saignée eussent quelquefois suffi pour sauver des royaumes.

L’on voit donc que le sort du genre humain,