Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/278

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les idées innées, ne peuvent, sans contredire leurs principes, admettre le dogme si peu fondé de l’immortalité de l’ame.

Malgré les consolations que tant de gens prétendent trouver dans la notion d’une existence éternelle ; malgré la ferme persuasion où tant d’hommes nous assurent qu’ils sont que leurs ames survivront à leurs corps, nous les voyons très alarmés de la dissolution de ces corps, & n’envisager leur fin, qu’ils devroient désirer comme le terme de bien des peines, qu’avec beaucoup d’inquiétude. Tant il est vrai que le réel, le présent, même accompagné de peines, influe bien plus sur les hommes que les plus belles chimeres d’un avenir, qu’ils ne voient jamais qu’au travers des nuages de l’incertitude ! En effet malgré la prétendue conviction où les hommes les plus religieux sont d’une éternité bienheureuse, ces espérances si flatteuses ne les empêchent point de craindre & de frémir, lorsqu’ils pensent à la dissolution nécessaire de leurs corps. La mort fut toujours pour ceux qui s’appellent des mortels le point de vue le plus effrayant ; ils la regardèrent comme un phénomène étrange, contraire à l’ordre des choses, opposé à la nature ; en un mot comme un effet de la vengeance céleste, comme la solde du peché. Quoique tout leur prouvât que cette mort est inévitable, ils ne purent jamais se familiariser avec son idée ; ils n’y pensèrent qu’en tremblant, & l’assûrance de posséder une ame immortelle ne les dédommagea que foiblement du chagrin d’être privés de leur corps périssable. Deux causes contribuèrent encore à fortifier & à nourrir leurs alarmes ; l’une fût que cette mort, communément accompagnée de douleurs, leur arra-